Accueil Geneviève Laffitte, un regard parmis d’autres

Musée national des Îles Salomon

 

L’entrée donne sur la seule et unique avenue d’Honiara qui, une fois la ville traversée, devient la seule et unique route du pays. À mon  étonnement devant le portail cadenassé par une chaîne, un homme assis par terre me fait comprendre qu’il faut passer par la rue d’à-côté. Personne à l’entrée, pas de guichet, une boutique fermée, des gens qui s’activent à des travaux qui, à première vue, n’ont aucun rapport avec cet endroit; rien qui ne ressemble de près ou de loin à ce que je suis venue visiter, sauf quand je me décide quand même à m’engager dans l'espace peu ombragé où des totems sculptés montent la garde le long d’un mur, où un vieux moteur d’avion et quelques morceaux d’installations militaires rouillent sur pied certainement depuis longtemps et où quelques ornements de toitures et de hauts de façades traduisent l’art mélanésien: je suis bien au Musée national des Îles Salomon.

Je ne peux pas rater le carton accroché à la poignée d’une porte vitrée : YES, WE ARE OPEN.  Une bouffée d’air frais m’aspire à l’intérieur. Ne serait-ce que pour échapper à la chaleur de la ville, ça valait la peine de se laisser aspirer! Derrière une table, en guise de guichet d’accueil, un homme sans âge, chapeauté, m’invite à lui serrer la main et ne lâche plus la mienne ; il me demande mon nom, curieux de qui je suis et, puisque je n’y travaille pas, ce que je peux bien trouver d’intéressant aux Îles Salomon pour y rester aussi longtemps…

Je venais de pousser la porte d’un petit musée comme je les aime.

Le genre de creuset où le moindre objet, venu d'on ne sait où, tient lieu de trésor et, de par sa présence même dans le musée, enrichit le patrimoine de la communauté, alors que de vrais trésors ont été pillés et sont partis bien loin. Parfois chez nous! Contrairement aux tendances de la muséographie moderne, ici les vitrines sont suffisamment éclairées pour que l’on ne rate rien de ce qui est montré : de minuscules coquillages cousus sur des  fibres végétales elles-mêmes tissées et qui servaient de monnaie, des éléments de parures de fête ou de guerre, des décorations corporelles, des outils pour la pêche, sculptés et gravés, témoins de la principale activité vivrière et économique des îles ; les cartels n’ont pas de prétention didactique mais sont assez explicites pour qui ne connaît pas grand-chose à la culture et aux rituels mélanésiens; quand les objets font défaut, des croquis ou des photos jaunies compensent. Et, pour ne pas que le visiteur oublie l’Histoire du pays, une part importante est consacrée à la Seconde Guerre Mondiale pour laquelle les îles de Guadalcanal et de Savo ont joué un rôle déterminant pour stopper l’armée japonaise dans sa tentative d’invasion
du Pacifique.

Avant de sortir, le gardien me demande d’écrire un mot sur le livre d’or du musée et je me rends compte que bien peu de gens passent par là. Il n’en reste pas moins que, même si la comparaison est osée, ça vaut bien les sombres vitrines du Quai Branly, que l’on ne peut pas toujours approcher, et je refais un tour du musée qui se limite en tout et pour tout à une seule salle.

Avant mon départ des Îles Salomon, je reviendrai dans ce musée pour comprendre la fonction, l’utilisation et parfois le nom exact d’objets que j’ai vus ou achetés lors de mes séjours dans les îles : des colliers, des parures de shell money, des outils... Je reverrai le vieux gardien qui me demandera d’écrire à nouveau un mot sur le livre d’or du musée, ce que je ferai comme la première fois mais, cette fois, à travers le regard que j’ai porté pendant quelques semaines sur les îles et leurs habitants.

Honiara, Îles Salomon,
28 avril 2013

Façade principale du musée.

Musée national, Honiara, Îles Salomon, 2013

Sculptures en bois. Art mélanésien.

Musée national, Honiara, Îles Salomon, 2013

Détail de sculpture en bois gravé, nacre et textile. Représentation féminine.

Musée national, Honiara, Îles Salomon, 2013

Sculpture en bois et nacre. Figure mi-homme mi-animal tirant la langue et portant un requin.

Musée national, Honiara, Îles Salomon, 2013

Instrument de musique. Fruits séchés, évidés attachés sur un morceau de bois.

Musée national, Honiara, Îles Salomon, 2013