À cet endroit, le Rio Uruguay pue parce qu’une canalisation s'y déverse, parce qu'il y a des poissons crevés partout.
  Ce qui n'empêche pas les pêcheurs, à la ligne ou à moitié immergés tirant sur des filets.

Du haut de la berge, ces scènes s'accrochent dans mon objectif. Je vais au plus près et je me retrouve dans cette odeur nauséabonde, les pieds dans les poissons morts, à mitrailler des pêches miraculeuses sans que personne
n’en soit dérangé.

L'activité n'a rien de poétique: l'un pêche, un autre essaie d’achever le poisson, un autre le transperce parfois encore vivant avec un fil de fer... Côté pêche au filet, c’est moins sanguinolent : celui qui est dans l’eau a sur le dos un sac rempli de bouteilles en plastique vides en guise de flotteurs, celui qui est sur la berge remonte des poissons énormes dans un filet de fortune, destination un sac de jute.
  Les poissons seront vendus au marché ou servis dans
les restaurants.

Aujourd'hui, c’est la dernière fois que je longe le fleuve Uruguay.

Salto, Uruguay,
14 février 2006